Trois étapes que les dirigeants d'ONG peuvent suivre pour un développement inclusif et dirigé localement

Quelques réflexions sur la localisation. Conversation avec Maqsoda Maqsodi et Pape Gaye deux PDG évoluant dans la Sante Globale.

By Maqsoda MaqsodiPDG (par intérim) IntraHealth

By Pape Amadou GayeFondateur et président, Institut Baobab

Si vous demandez à un responsable d'une ONG internationale ou régionale ce qu'il a en tête ces jours-ci, il y a de fortes chances que ce soit la même chose que nous : le débat sur la localisation.

Et c'est vraiment un débat - les opinions varient sur chaque aspect de ce sujet, de ce que nous devrions l’appeler, comment la rendre opérationnel et comment préparer votre organisation à surmonter les défis et survivre. Ceux d'entre nous qui suivent le débat ont récemment vu une multitude d'articles d'opinion sur la localisation, dont la plupart mettent en exergue les perspectives du Nord et les points de vue des ONG internationales et des bailleurs de fonds.

Rediriger de pouvoir est la bonne chose à faire. 

Il semble qu'il y ait deux choses sur lesquelles nous sommes généralement tous d'accord : 1) que transférer le pouvoir et les ressources aux organisations locales qui connaissent le mieux les besoins et les contextes de leurs communautés est la bonne chose à faire, et 2) que cela changera fondamentalement le model de notre business.

L'adaptation n'est pas facultative. Mais comment ?

De nombreuses organisations résistent passivement à ce changement, en se combinant avec d’autres ou en créant des filiales qui se disent locales mais ne le sont vraiment pas. D'autres ont depuis longtemps reconnu que la localisation des programmes est le résultat final escompte, et a cette fin ont investi dans la création d'organisations locales qui finiront par devenir des entités indépendantes.

Alors que nous entamons l'adaptation de nos deux organisationsIntraHealth International et l'Institut Baobab, nous nous posons des questions difficiles. Comment tirer parti des progrès que nous avons réalisés en tant que communauté mondiale au cours des 50 dernières années ? Comment sauvegarder les partenariats et les collaborations qui ont rendu ces progrès possibles ? Et quelles mesures devons-nous prendre, en tant que dirigeants d'ONG, pour éviter de maintenir les systèmes mêmes que nous essayons de changer ?

Bref, comment éviter d'être les colonisateurs ?

En tant que deux PDG qui ne sont pas blancs, qui ne sont pas nés aux États-Unis et qui sont à la tête d'organisations qui œuvrent pour élargir l'accès aux soins de santé dans les pays à revenu faible et intermédiaire comme ceux dans lesquels nous sommes nés, nous voulons partager trois étapes que nous et d'autres leaders mondiaux de la santé pouvons prendre pour construire un avenir de développement inclusif et dirigé localement - et étendre notre impact en même temps.

1. Défendre le point de vue local.

Jusqu'à présent, la conversation sur la localisation s'est concentrée sur le transfert des ressources, mais elle devrait plutôt porter sur le transfert du pouvoir.

Pour ce faire, nous devons entendre et écouter davantage de voix locales. En tant que dirigeants d'ONG, nous devons faire tout ce que nous pouvons pour nous assurer que le point de vue local est prédominant dans les conversations où les décisions sont prises, pour créer des espaces sûrs où les représentants des communautés locales peuvent parler et être entendus, et pour amplifier leurs messages à travers nos propres plates-formes.

Voici quelques exemples de la manière dont nous avons vu cela se faire efficacement :

2. Repenser la conception de nos activités.

En tant que dirigeants d'ONG, il est facile de rester dans l'état d'esprit des organisations de financement avec lesquelles nous travaillons, dont la plupart ont traditionnellement dicté quoi, où et comment le travail de développement doit être effectué. C'est une approche descendante qui crée un déséquilibre de pouvoir systémique dès le départ.

Mais considérez comment le pouvoir changerait si les pays conceptualisaient leurs propres activités, sur la base de leurs propres données et de leur propre compréhension des besoins de leurs populations.

L'USAID a pris les devants en matière de localisation.

Heureusement, l'USAID a pris l'initiative de la localisation, a élaboré une stratégie, et a commencé à faire avancer ce programme en utilisant tout ce que l'agence a appris du PEPFAR et d'autres initiatives. L'un des principaux objectifs de la stratégie de l'USAID est de renforcer la capacité des ONG locales à gérer les ressources disponibles, par exemple dans le cadre du projet Accelerating Support to Advanced Local Partners de l'USAID. projet.

C'est un élément essentiel pour résoudre le déséquilibre des pouvoirs, mais ce n'est pas suffisant.

Les ONG internationales doivent adopter un nouvel état d'esprit. Nous devons être prêts à nous engager à transférer délibérément et efficacement les responsabilités aux entités locales. Et nous devons investir davantage dans la phase de conception des activités, en aidant les pays à analyser les données disponibles et à utiliser ces données pour éclairer leur approche des bailleurs de fonds.

3. Devenez un intermédiaire pour aider les donateurs et les pays partenaires à obtenir des résultats.  

Pour faire du développement mené localement une réalité, les ONG internationales et régionales ont un rôle essentiel à jouer. Nous sommes bien placés pour conseiller, fournir des services techniques et servir de courtiers entre les donateurs, les gouvernements et leurs partenaires locaux pour aider à tirer le meilleur parti de leurs investissements afin de générer des biens publics mondiaux.

Mais pour ce faire, nous devons :

  • Convenir d'un nouveau programmequi accélère les progrès des pays, plutôt que d
  • Élaborer un nouvel ensemble de principes axés sur l'inclusion, l'équité et les objectifs des pays hôtes pour éradiquer rapidement la pauvreté et développer leurs économies.
  • Engager un niveau type d'acteurs au développement,tels que les entrepreneurs sociaux, qui sont prêts et désireux de faire partie du développement de leur pays.

Un programme de transformation sur 5 ans  

Alors que nous dirigeons nos organisations vers l'avenir, nous devons rester concentrés sur le pourquoi de la localisation et pourquoi nous transformons nos modèles de business.

La localisation n'est pas une question de pays travaillant isolément, mais de faire partie d'une communauté mondiale qui a fait des progrès significatifs dans la réduction de l'extrême pauvreté. Construire ensemble vers un avenir de développement inclusif et mené localement.

Un engagement à transformer l'approche descendante actuelle est une condition préalable à cet avenir.

Cela ne se fera pas du jour au lendemain. Mais si nous consacrons les 5 à 10 prochaines années à prendre ces mesures, nous pouvons tous sauver des vies plus rapidement, ensemble.

Pape Gayefondateur et PDG du Baobab Institute, a été président et PDG d'IntraHealth de 2004 à 2020. Il est un champion de longue date du développement des capacités locales. Maqsoda Maqsodi est actuellement PDG par intérim d'IntraHealth et dirige son programme de transformation tout en maintenant son héritage de 43 ans de partenariats locaux inclusifs et efficaces pour une meilleure santé mondiale.

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